" Viva la Revolutiòn ! "

Le Cégep du Vieux-Montréal est entré en GGI (Grève Générale Illimitée) hier, jeudi, vers les environs de 15h.

Le sujet du vote secret avait déjà été abordé par le passé ( link ) et nous avons tenu le bout de notre bâton afin d'éviter de perdre ce privilège démocratique. Des débats, il y en a eu, des pours, des contres, des absentions. Ainsi, je ne souhaite pas m'exprimer sur la grève parce j'suis juste écoeurée d'entendre des débats qui n'en finissent plus. Plus de 4900 étudiants ont voté pendant 4 jours et il a été décidé à 58% qu'on la faisait, cette grève. Fine, je n'ai aucun problème avec cette idée puisque la majorité a décidé que c'était un combat qui se valait. Qui sait, peut-être irai-je même faire honneur à ce petit carré rouge une journée sur les lignes de piquetage (mais rien n'est certain).

En quittant le cégep hier après-midi, les membres de l'Asso avaient entâmé des négociations pacifiques avec l'administration afin que les étudiants du CVM puissent avoir accès à leur locaux pour y travailler, même en période de grève. Cette grève, avec plus de 30 000 étudiants pour soutenir son combat, j'y ai cru un bref instant - peut-être suis-je trop naïve - et je me suis dit que ça commençait bien et que j'avais sans doute jugé le mouvement étudiant un peu trop rapidement.

Ce matin, à la une des journaux - et de ma page Facebook - on y apprend que des étudiants se sont fait arrêter pour avoir barricadé les portes du CVM et y avoir foutu un sacré grabuge. Quelle fut ma réaction? Meh. Meh. C'est à dire : rien pantoute.

Je pense qu'on a affaire ici à un sérieux problème ; entendre parler d'une barricade extrémiste et d'arrestations à son cégep le premier soir de la grève, ça ne devrait pas me laisser indifférente ... déçue, en colère, en crisse, un petit rire jaune, anything, mais pas de l'indifférence. Est-ce que mon cégep m'a prouvé une fois de plus qu'on était leadé par des caves qui ne savent pas faire la différence entre une manif' pour faire valoir ses droits en tant qu'étudiant et une gang de sauvages fils de chacal qui jugent - ou pas, justement - que piller une institution scolaire pour faire entendre ses arguments est une solution qui se vaut? Depuis quand est-ce qu'on a le droit de se prendre pour une armée de Che Guevara en ayant même pas pensé à des moyens plus pacifiques d'abord?

Ce qui est le plus frustrant, c'est que ce n'est qu'une faible minorité qui gâche tout, comme toujours. Comme avant, je croyais que c'était seulement quelques illuminés extrémistes de notre Asso' qui souhaitaient cette grève. Le vote secret m'a prouvé le contraire - et j'en suis fort contente - et la dernière Assemblée a réussi à me prouver que la plupart de ces gens, que je me plaisais à haïr et juger de loin, n'étaient peut-être pas aussi crétins que ce que je croyais, mais plutôt des gens qui militent pour leur cause et qui, contrairement à des personnes comme moi qui se sentent moins concernées ou qui n'ont pas les guts pour agir, croient qu'avec cette grève et la mobilisation de toute cette populace étudiante, on peut le gagner, ce combat.

Que des gens extrémistes ou simplement anarchistes viennent ruiner les efforts de ces gens qui militent de façon pacifique, que ces gens barricadent notre cégep, saccagent nos biens, graffitent nos vitrines et ce sous l'influence de l'alcool (vidéos à l'appui ... mmmh d'la bonne "Pabs" Blue Ribbon), ça devrait me mettre en beau crisse. Ça devrait me donner envie de lever mon cul de ma chaise et d'aller manifester dans les rues pour prouver aux médias qu'on est pas une bande de caves, de morons, de singes, de babouins préhistoriques. Mais ça me donne juste le goût de rien faire. Pis ça, c'est pas normal. J'espère sincèrement que ça va changer quelque chose. J'espère sincèrement qu'on va réussir à obtenir ce pourquoi tout le monde lutte, parce que sinon, ça va juste être triste. Triste pis gris.

Je ne sais pas si y'en a qui se sentent comme moi, juste blasé de cette réputation qui nous colle à la peau en tant que cégep de hippies anarchistes, juste fatigué qu'à chaque fois que quelque chose de gros se manifeste, qu'on vienne aussitôt saccager ce bel effort de coalition, de voir que la violence engendre plus de violence, de voir qu'en voulant faire chier les flics et le gouvernement, on fait juste générer une spirale de haine qui s'enfonce et s'enfonce et s'enfonce ...

Je souhaite juste à tous les autres étudiants pacifistes - la majorité - une bonne chance dans leur combat. Faites en sorte que cette grève fonctionne. Pis j'va peut-être finir par y croire.